Collez de belles étiquettes à vos collaborateurs ! Quoi ?!!! Coller des étiquettes aux gens, les enfermer dans des cases, c’est vraiment ignoble !
Alors on rembobine et on repart sur de bonnes bases. Comment obtenir le meilleur de vos collaborateurs grâce à la théorie de l’étiquetage, issue de la psychologie sociale ?
Vous êtes au bon endroit si vous pensez que
« manager c’est compliqué et souvent voué à l’échec » ou encore « on ne va pas commencer à s’intéresser à tous les petits problèmes des uns et des autres sinon on n’a pas fini et faut qu’ça avance »…
Vous êtes au bon endroit parce que les fondamentaux de la théorie de l’étiquetage sont plutôt accessibles, et pourraient grandement améliorer votre style managérial, ainsi que vos interactions et négociations.
Cette théorie rend compte d'un biais cognitif, l'effet d'étiquetage, selon lequel les individus tendent à se conformer aux jugements qu'on plaque sur eux et reviennent difficilement dessus, car toutes leurs actions ultérieures sont alors sous l'influence de ces jugements, qu'ils soient positifs (effet Pygmalion) ou négatifs (effet Golem).
Très bien , mais au quotidien, ça donne quoi "la théorie de l'étiquetage" ?
Voici quelques déclinaisons possibles des apports de la théorie de l’étiquetage appliquées à la sphère managériale :
Le pouvoir des mots
Décréter qu’il est flemmard, qu’elle est bavarde, risque de figer la situation. Vous ne serez alors plus entouré que de flemmards et de bavardes.
A cause d’un effet d’attente comportemental, la personne devient ce qu’on a supposé et dit qu’elle était.
Les mots peuvent ainsi enclencher un cercle vicieux (on crée ce qu’on voulait justement prévenir) aussi bien qu’un processus vertueux.
Alors, pourquoi ne pas tenter un étiquetage positif ?
Positif ne veut pas dire flatteur, ni faux.
L’étiquetage positif doit être authentique 😇.
Les mots du pouvoir
La relation de pouvoir est un agent essentiel dans la théorie de l’étiquetage. En effet, l’étiquetage aura d’autant plus de poids que la personne qui l’attribue est en position de sachant, d’expert, de dominant au sens large.
Le rôle de la personne en charge de l’équipe est donc primordial :
bien choisir ses mots, connaître son pouvoir d’influence, la répercussion positive de ses paroles ou au contraire leur contagion néfaste.
Réintroduire de la fluidité
L’étiquetage est un processus. L’étiquette n’est pas constitutive de la personne, elle ne décrit pas sa nature, elle lui a été collée, il est donc possible aussi de la décoller. C’est plutôt une bonne nouvelle, mais comment faire ?
Le décollage en 3 phases :
1 - Identifier l’étiquette à décoller. Par exemple : "Jojo est introverti", ou "Mumu n’a pas l’âme d’une commerciale"
2 - Montrer à la personne que son étiquette est en cours de décollage : donner à Jojo la parole sur un sujet qu’il maîtrise, en petit groupe, et veiller à ce que l’attention soit maintenue sur ses paroles ; emmener Mumu en rendez-vous avec un prospect et lui laisser une bonne part du temps de parole
3 - Montrer au groupe que l’étiquette n’a plus lieu d’être, par des petites actions, des mots répétés intentionnellement, qui seront ensuite relayés : « Merci pour ton apport Jojo, c’est très clair, j’aimerais que tu présentes ton projet devant le reste de l’équipe car c’est toi qui le connaît le mieux » ; « Le rendez-vous client avec Mumu s’est très bien passé grâce aux argumentaires de choc qu’elle a su avancer, ses actions commerciales vont être fructueuses j’en suis sûre »…
Décloisonner les différentes équipes
L’étiquetage peut avoir un effet néfaste sur les relations inter-équipes, si les étiquettes sont collées à la hâte, avec de la colle forte, et de manière récurrente.
Qui n’a jamais entendu parler « des fonctions supports », « de l’informatique », « de la paie », « des planqués », « du mammouth », « du ventre mou » ? Ce genre d’approche stigmatisante est la meilleure chose à faire si vous voulez créer et renforcer les clans, les silos, les guerres de tranchées. Essayons de remplacer : « Jojo et tous les planqués de la paie », par « Jojo et ses collègues qui font en sorte que chaque mois la paie se retrouve sur nos comptes en banque dans les temps bien que cela fasse 3 mois que nous oubliions de déclarer nos congés et que nous lui ayons fourni nos notes de frais en vrac la veille au soir sans les justificatifs » ?
Où coller l’étiquette pour qu’elle ne cause pas de torts ?
Coller l’étiquette sur la personne en cas de comportement désirable :
« cela ne m’étonne pas de toi », ou « j’ai l’impression que c’est dans ta nature de défendre les bonnes causes ».
Coller l’étiquette sur l’action elle-même en cas de réalisation indésirable.
Il est important que la personne ne s’identifie pas aux actions indésirables qu’elle a pu réaliser :
« cette présentation manque de dynamisme. Je ne dis pas que vous manquez de dynamisme, je pense exactement le contraire ».
Sources :
La théorie de l'étiquetage modifiée, ou l'« analyse stigmatique revisitée", Lionel Lacaze, Dans Nouvelle revue de psychosociologie 2008/1 (n°5)
Sociologie de l'Ecole, Marie Duru-Bellat, Agnès Henriot-van Zanten
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